Depuis la nuit des temps, les noms ont une signification et une influence sur celle ou celui qui le porte.
Nous voyons dans la bible que l’Éternel a changé le nom d’Abram (le père est exalté) en Abraham (père d’une multitude de nations) ou de Saraï (querelleuse) en Sara (princesse).
Dans nos familles, nous avons connu des « Makiadi » (tristesse) rebaptisées « Makiese » (joie), des « Batubenga » (celui qui est mis à l’écart) devenus « Mulumba » (celui dont on recherche la compagnie).
Nous avons vu, de leur vivant, des personnalités politiques modifier leur appellation: Joseph-Désiré Mobutu a ajouté Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga (le guerrier tout-puissant qui, de par son endurance et sa volonté inflexible de vaincre, passe de conquête en conquête, laissant le feu dans son sillage). Ngunza Kalala Wa Bondo (prophète et grand chef des armées de Bondo) est devenu Ngunz Karl I Bond, etc.
En Afrique, pour honorer un(e) aïeul(e) ou simplement un illustre personnage, on donne à nos enfants l’homonyme de la personne que nous voulons commémorer. Après le combat du siècle au Zaïre (29-30 oct.1974), plusieurs enfants ont reçu le prénom d’Ali à leur naissance.
Un tiers s’est fait baptiser Jean-Paul ou Popaul après la visite du pape Jean-Paul II (2-12 mai 1980).
Certains se sont vus modifier leur nom comme les colons n’étaient pas en mesure de les prononcer correctement, c’est ainsi que Ngalula (garçon né après quatre ou cinq filles) est devenu Malula à l’instar du cardinal, Nkano résonnait Canon, Nkoyi (Léopard) sonnait comme Croy, etc.
Mais, il y a aussi des signatures que nous-mêmes avons déformé : Malia pour Marie, Malatha pour Marthe, Petelo pour Pierre, Don Bastien en Ndombasi, Don Miguel en Ndomingiedi, etc.
À la zaïrianisation, quelques-uns ont été obligés de changer leur patronyme « européen » pour un autre plus « authentique », c’est ainsi que Albert Delvaux est devenu Mafuta Kizola; Pierre André, Pierre Kayinga; Antoine Lopes, Djona Mbitima; Victor Finkelstein, Mulongo Mukalay; Mario Cardoso, Losembe Batwanyele; Lobitsch, Kengo wa Dondo; Prigogine, Ngezayo; Dieferding, Kabisi; Jean-Baptiste Alves, Lanza Gatanga; pour ne citer que ceux-là.
Pour rester en Afrique, des pays ont changé leur nom, le Dahomey s’est transformé en Bénin, la Rhodésie du Sud s‘est changé en Zimbabwe (« maison de pierres » ou « forteresse » en shona), la Côte de l’Or a adopté le nom Ghana (« roi guerrier » en soninké), le nom Oubangui-Chari a été substitué par Centrafrique, la Haute-Volta remplacée par Burkina Faso (pays des hommes intègres), le Bechuanaland supprimé pour Botswana (pays des Tswanas), le Zaïre a troqué son chapeau pour Congo, et tout récemment le Swaziland a opté pour eSwatini (le pays des Swazis).
Que vous vous appeliez Badibanga, Kamba ou Ngoma, dans les prochaines semaines, nous allons peut-être décortiquer votre nom.
OPCC